Xymox faisait les 100 pas, creusant à chaque passage un peu plus profondément un sillon dans son beau tapi du pays de Dun. Il s’en rendit compte et y jeta alors un œil attristé, un si beau tapi, il aurait pu en être triste si seulement il en avait le temps. Mais il ne l’avait pas, il y avait bien plus important que cela. Il se tourna vers Tyrion, assis au bureau de Xymox :

  • Alors c’est fini ?
  • Non.
  • Est-ce que cela sera bientôt fini ?
  • Non.
  • Est-ce qu’on pourra bientôt dire que cela sera fini rapidement ?
  • Non.

Comme tous les elfes millénaires, Tyrion était d’une patience infinie. Quoi que c’est ce qu’il croyait. Car il fallait bien qu’il le reconnaisse les interrogations insistantes de son ami généraient chez lui un sentiment étrange qu’il pensait être de l’impatience…  Il commença presque à regretter d’avoir accepté de rendre service à son ami. Pourtant au commencement tout ceci semblait bien innocent. Xymox était si fier de la lettre de félicitations des gouverneurs des peuples libres qu’il désira l’immortaliser dans un superbe cadre. En tant que maitre menuisier et meilleur ami de Xymox, personne n’était mieux placer que Tyrion pour réaliser ce cadre. Vinrent alors s’ajouter les coups d’œil à peine dissimulés par-dessus son épaules pour vérifier l’avancement des travaux, voilà qui convaincu Tyrion qu’il venait de découvrir ce sentiment très humain qu’est l’impatience.

Et pourtant les travaux étaient bien avancés. Xymox avait conservé d’une précédente aventure un morceau de glace d’un bien curieux bonhomme de l’Ered Luin. Il l’avait fait polir par Glorom, le bijoutier bougon, qui s’avéra être plus rapide a l’ouvrage ; plus vite tu auras fini, plus vite tu pourras gouter du nouveau tonneau que je viens de recevoir, avait été suffisant pour obtenir une verroterie polie parfaite et ceci avec une grande vélocité. Tyrion avait réalisé et sculpté les quatre montants du cadre dans un bois spécial, lui également souvenir d’une précédente aventure Ereb. Il ne restait plus qu’a assembler le tout.

  • Alors c’est fini ?
  • Non.
  • Est-ce que cela sera bientôt fini ?
  • Pffffffiiiiiitttttt
  • Rahhh nonnn !!!!!

Xymox connaissait que trop bien ce bruit. Tyrion avait profité d’un demi-tour en bout de tapi pour disparaitre tel un courant d’air. Il se retourna promptement vers le bureau et ses doutes furent confirmés. Les outils n’avaient pas encore touché le sol que déjà plus aucune trace de Tyrion. Xymox, qui avait depuis quelques temps pris l’habitude de fermer le loqué de la porte de son bureau (ceci est une longue histoire), hurla :

  • Satanée fenêtre !! Je vais te condamner comme ta copine la porte !!!!

Essayant de retrouver son calme et les idées claires, Xymox s’approcha de son bureau. Il constata que le travail était quasi-fini. Il ne restait plus qu’a assembler tous les morceaux entre eux. Le ménestrel se tapota le bouque, signe de réflexion intense. Après tout, sa dextérité digitale légendaire lui permettait d’exceller dans son métier. Son doigté sans pareil tirait le meilleur de bon nombre d’instruments. Dans le fond, était-il plus difficile d’obtenir des mélodies de simples cordes que de planter des clous dans un pauvre bout de bois ? Bien-sur que non, même un guerrier était en mesure de planter des clous. Xymox saisit alors le marteau d’une main déterminée.

Plus bas dans la maison de confrérie, Lehor poursuivait sans relâche son entrainement intensif. En compagnie de son nouveau mentor, Gordrimm le nain, le guerrier perfectionnait ses mouvements …  du coude. Bondiass tu bois comme un elfe, lui avait fait remarquer le nain quelques heures plus tôt, viens là que je te montre. Ces difficiles exercices exécutés avec une conscience quasi-professionnelle et zèle furent interrompus par le hurlement de Xymox. L’instinct du guerrier, tapis au fond d’un océan de liquide mousseux, remonta instantanément à la surface. Emergeant tel un crocodile sur la gazelle venue éponger sa soif au bord de la rivière, Lehor bondit de son tabouret non sans dommage collatéraux parmis les godets et s’engouffra dans les escaliers, dont il avala les marches quatre par quatre, provoquant ainsi un second hurlement, celui du nain :

  • Rahhh nonnn !!!!! T’en as foutu partout, spèce d’empoté !

Xymox tenait dans ses doigts de sa main gauche un clou qui lui semblait minuscule au dessus de l’entretoise des montants du cadre.  Tout était en place, il ne manquait que la petite pièce qui lierait le tout. Sa main droite tenait un marteau et mimait le mouvement, tout doucement, inlassablement, depuis déjà plus d’une minute. Pensez vous, ce n’est pas tous les jours que les gouverneurs des peuples libres vous envoie une lettre de félicitations pour avoir sauvé deux cités de l’Eriador. Xymox repensa un instant à ces aventures passées, où El Ereb avait sauvé Bree d’une invasion depuis Ost Alagos et Annuminas en sabotant le camp de base orque Tham Lorn. Que de souvenirs, que de coups d’éclat, que d’épiques exploits, ici concrétisaient par cette lettre dans ce qui allait devenir le plus beau cadre du monde libre. Xymox se reprit, il s’agit d’être concentré. Son regard redescendit des limbes de ses souvenirs pour venir se durcir sur sa tâche. Alors que les premières gouttes de sueur perlèrent sur son front, bon sang qu’il fait chaud ici pensa t’il, il s’apprêta à frapper.

C’est alors qu’il entendit ce qu’il lui sembla être un oliphant dans les escaliers. Trop tard, le marteau était parti.

Au dernier moment un ultime reflexe lui fit dériver la trajectoire du marteau.

Lehor arrivait en haut des escaliers. Le chef était en danger, il fallait le sauver, vite la poignée de la porte. Cependant les heures d’entrainement mixées avec la monté en trombe dans les escaliers en colimaçon affectèrent quelque peu sa vision et sa perception des distances.

Le marteau évita de peu la glace polie et le cadre sculpté pour venir s’écraser sur les doigts si délicat du musicien.

Un AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA de douleur et qui n’avait rien de mélodieux s’échappa de la bouche du chanteur.

Lehor se rendit compte que la porte était beaucoup plus proche qu’elle n’y paraissait. Beaucoup plus proche. Mais qui a déplacé cette porte pensa t’il. Au lieu de saisir la poignée, sa main actionna un peu d’air et son épaule heurta violement la porte.

Un AAAAAAAAAAA de surprise et de peur suite à un tel vacarme suivit le AAAAAAAAA précédent et n’était cependant guère plus mélodique, tandis que son auteur se retourna promptement vers la porte.

Bien sûr le verrou de la prote était tiré. Bien sûr un si faible bout de métal ne pouvait raisonnablement retenir la charge d’un oliphant. Le loquet fut littéralement arraché du montant de la porte qui explosa sous l’impact, projetant des échardes de bois dans toute la pièce et propulsant le petit bout de métal. Le projectile décrivit une trajectoire rectiligne ditectement dans l’œil de Xymox.

Un autre AAAAAAAAAAAAAAAA, de douleur une nouvelle fois, mais toujours peu mélodique, jaillit des entrailles du conteur.

Lehor, sonné par la subite apparition d’une porte sur sa route, s’affala sur le sol, ou plutôt sur un beau tapi du pays de Dun. Et c’est à ce moment que les litres de bières précédemment descendu décidèrent de remonter. Et beuuuuarp direct dans le sillon du tapi.

  • Ah bravo, éructa Gordrimm qui visiblement avait suivi, si c’est pour gaspiller chui pas prêt de t’entrainer à nouveau !
  • Ah ah ah ah, fit Aro, dont Xymox remarqua la présence dans la pièce, à seulement quelques pieds de là.

  • Mais qu’est ce que tu fais là toi ? Depuis quand tu es là ?

Mais c’est question restèrent coincés dans la bouche du musicien cyclope. Aro, un bandeau de pirate sur l’œil, continuait à rire, visiblement il avait participé aux séances d’entrainement.

  • AAAAAAAAAAAAAAAAAAAA Fichez-moi tous le camp de mon bureau !!!! Et tiens toi donnes moi çà, hurla Xymox en attrapant le bandeau de pirate d’Aro pour venir recouvrir sa blessure.

Tyrion revenait de sa ballade dans les forêts de l’Ered Luin. Ah que cela lui avait fait du bien. Quoi qu’il culpabilisait un peu d’avoir laissé son insupportable ami à son triste sort. Peut être que cet intermède lui avait fait comprendre qu’il ne fallait pas toujours être si hâtif. Ou pas. Lorsqu’il arriva sur le parvis de la maison de confrérie il eut une drôle de sensation. L’elfe perçut ce qu’aucune autre race de la Terre du Milieu n’aurait pu ; une légère brise chaude provenant du haut. La sensation se mua doucement en crainte. Xymox n’avait pas refermé la fenêtre, et l’atmosphère qui se dégageait n’augurait rien de bon. Xymox devait être en colère. Aussi Tyrion décida de prendre la porte. Il entra dans le hall et retira sa cape. Depuis le vestibule il entendit les chants et les rires d’une grande festivité qui se déroulait dans la salle principale. Il sourit, finalement Xymox n’était pas en colère, il avait finit par comprendre et avait convié, vu le vacarme généré, toute la confrérie et même les amis à festoyer autours de la victoire. Tyrion n’aimait guère les mondanités, mais il décida que c’était bien là une bonne occasion de s’y prêter, une fois n’étant pas coutume. Après avoir attaché sa cape, il passa la porte de la salle et s’apprêta à découvrir l’immense table de festin emplie d’invités. 

Bien qu’il fut difficile de surprendre un elfe, Tyrion reconnaitrait volontiers qu’il le fut, et fort belle façon en découvrant le parterre des invités qui se composait seulement d’un homme, d’un nain, d’un hobbit et d’un tonneau.

Devant un tel spectacle et vacarme, Tyrion se demanda lequel de ces quatre protagonistes était le plus plein. Quoi qu’il paraissait évident que ce n’était pas le tonneau …

    • Pardonnez cette intrusion cavalière, avez-vous Xymox ?
    • La digue la digue la digue du ...
    • AVEZ-VOUS VU XYMOX ?
    • Roh mais c’est mon ami Rition, mon ami l’elfe qu’on a poiroté des mois à surveiller une ferme vide dans la campagne, s’exclama Lehor en apercevant l’elfe à travers la brume qui s’était étrangement installé dans la maison. C’est mon pot, finit le guerrier en se dirigeant vers Tyrion, en décrivant une trajectoire qui n’avait, elle, rien de rectiligne.
    • C’est vrai que ça peut être très méchant une ferme vide ! Surtout la nuit, surtout dans la campagne, hou.
    • Ah ah ah, fit Aro, décidément très en joie ce jour ci.
    • Roh mais ne vous moquez pas monsieur le gros nain, des viles gobelins sont venus, et par milliers que je les ai embroché sur mes zépées, pas vrai mon ami Toroin ? Se défendit Lehor en s’agrippant de justesse à l’épaule de Tyrion, lui évitant une chute fort regrettable qui lui aurait valut de renverser son godet. Allez disez le leur vous, mon ami Riton que je les ai emborché ces bogelins !
    • Pffffffiiiiiitttttt
    • Blammmmm
    • Ah ah ah.

    Ami lecteur vous l’aurez compris, Tyrion s’était livré à un exercice dans lequel il excellait pour rejoindre les escaliers.  Et notre bonne vieille Terre du Milieu avait rappelé à elle Lehor à l’aide de sa compétence gravité.

    Tyrion arriva en haut des marches. Son impression, déjà muée en crainte se transforma en mauvais pressentiment lorsqu’il découvrit la porte défoncée. Il rentra précipitamment dans le bureau pour l’inspecter.

    Lehor, fort mari d’avoir renversé une nouvelle fois son godet et avoir pris pour l’occasion les réprimandes de son mentor, était bien décidé à obtenir de l’elfe qu’il vienne se faire pardonner devant un pichet. Il emboita le pas de Tyrion aussi bien qu’il le put, à savoir à quatre pattes.

    Tyrion n’en était plus au stage du pressentiment, mais bien de l’horrible constat. Lehor arriva et tendit un doigt vindicatif vers lui, mais devant l’air sinistre de l’elfe les réprimandes ne sortirent point. Au lieu de cela ce fut des balbutiements d’excuses :

    • Roh mais non, ne prenez pas cet air si sérieux, c’est la porte qui s’est jeté sur moi.

    Mais Tyrion n’en était déjà plus à cet indice évident, il tenait dans sa main, les restes brisés d’un miroir poli, restes taché de sang.

      • Nous n’avons pas quitté le hall Tyrion, il n’a pas pu quitter les lieux, affirma Lehor, dont l’adrénaline venait subitement de détruire toute forme d’alcool dans ses veines pour lui faire retrouver toute sa lucidité.
      • La fenêtre, bien sur, je l’ai senti.

      Tyrion lâcha les morceaux de ce qui aurait pu être un magnifique cadre et bondit sur le montant de la fenêtre, pour disparaitre quasi-instantanément. Tel un chat il rebondit de lierre en pierre apparente pour venir atterrir deux étages plus bas sur le parvis. Lehor lui emboita une nouvelle fois le pas et s’apprêta à se jeter lui aussi, mais alors qu’il avait déjà les deux pieds dans le vide, les ultimes relents d’alcool se dissipèrent et son bras le retint in extremis au lierre. Ainsi suspendu comme un pantin, il réalisa que l’atterrissage ne serait certainement pas aussi gracieux que celui de l’elfe :

      • Roh, je vais passer par dedans, pour … heu oui pour prendre mes épées ! C’est ça mes épées.

      Lehor descendit les marches et passa devant la table des festivités. A son apparition, les rires et les chants se turent. Instantanément l’ambiance bascula à son opposé. Alors qu’il prenait sa ceinture portant ses armes, déjà les Ereb s’étaient levés, l’heure n’était plus à la fête. Bien qu’ils ne sachent pas encore pourquoi, voilà que nos trois joyeux fêtards se dirigeaient vers la porte en fourbissant leurs armes.

      Ils rejoignirent Tyrion sur le parvis. Le chasseur elfe examinait le sol. Ses mains mimaient des actions imaginaires, décrivaient des trajectoires qu’ils ne pouvaient comprendre. Par moment, Tyrion s’arrêtait un instant, semblait réfléchir, recherchant sur le sol un lien qui lui permettrait de poursuivre son raisonnement. Mais Gordrimm, Aro et Lehor ne voyaient que de la poussière. Le nain s’y risqua :

      • Alors que vous dit cette poussière qu’elle ne saurait nous dire, longue-oreilles ?

      Mais déjà l’elfe ne l’écoutait plus, son regard s’était tourné vers la route, par delà la maison de Linef, qui faisait l’angle devant la maison de confrérie. Le regard suffit pour que Lehor tira ses lames des fourreaux et s’avança vers le pont qui joignait la route au parvis de la maison.  De sa lame droite il traça sur le sol un arc de cercle, bien qu’il ne comprenait pas ce qu’il se passait, il se promit mentalement que celui qui arrivait par ici ne passerait pas le cercle sans en payer le prix de sa vie.

      Toutes les attentions étaient désormais tournées vers l’angle de la route. D’abord aucun bruit ne voulut déchirait le silence pesant qui instaura une atmosphère plus que lugubre. Puis ils commencèrent à discerner ce que l’elfe avait entendu depuis longtemps déjà :

      • Deux cavaliers, a brides abattues.

      Florin chevauchait effectivement aussi vite que sa monture lui permettait. Il était talonné de prêt par son Hérault. La route avait été longue depuis Bree, mais l’urgence ne laissait aucun instant de repos. L’information avait été bien trop grave pour ne pas être vérifiée. Florin et sa suivante surgirent de l’angle surveillé par quatre paires d’yeux.  Négociant le virage en manquant de peu la chute, le capitaine s’engouffra sur le pont. Il tira vivement sur les rennes en découvrant le comité d’accueil. Alors que sa monture freinait des quatre fers pour s’arrêter Florin bondit de selle et continua sa course en courant vers Tyrion. Il passa devant Lehor en lui posant une main apaisante sur l’épaule :

      • Paix mon ami, réserve ton énergie pour notre véritable ennemi, non Tyrion en me dite pas que j’arrive trop tard ? Dans quel état est-il ???

      Le regard de Tyrion en dit bien plus long que ne l’aurait fait mille mots. Découvrant que le chasseur qui pistait les traces sur le sol, Florin comprit qu’il s’était trompé, la vengeance n’était pas dans les habitudes des elfes, Xymox était en vie :

      • Bon sang, ils ne voulaient pas l’assassiner mais le capturer, ils veulent l’emmener en Angmar pour que son supplice soit terrible ! Que s’est il passé ?
      • Ils étaient cinq. Petites empruntes, petite taille, mais trapus car elles sont profondes. Ils sont arrivés, ont contourné la tour, et ont grimpé au lierre pour s’introduire par la fenêtre que j’avais laissé ouverte … Puis ils sont reparti dans l’empressement, visiblement il trainait un paquet derrière eux.
      • Vous trois, fit le capitaine se tournant vers le trio, partez sur le champ quérir le plus d’Ereb possible, en Comté, à Bree et à la porte de Thorin. Tyrion partira à Fontcombe dès que possible.
      • Les compères s’exécutèrent, et déjà leurs pas n’étaient plus que des échos. Florin se tourna vers Tyrion et lui lança un regard perçant :
      • Mais ce n’est pas tout n’est ce pas ?
      • Quelque chose d’étrange. J’ai d’abord cru aux traces d’une cambrioleuse, mais nos cambrioleuses Ereb sont des hobbits. Leurs empruntes seraient beaucoup plus marquées par leur régime alimentaire. C’est quelque chose de plus fin, de plus léger. J’aurais même pu croire à quelqu’un de ma race, qui suivait notre convoi.

      Les yeux de Tyrion et de Florin quittèrent le sol où ils tentaient en vain de comprendre pour venir se croiser dans une intense lueur d’espoir alors qu’ils reprirent en cœur :

      • Aconitine !!!


      Xymox émergeait doucement de sa douloureuse torpeur festive. Rah cet état de maux de tête prononcé et de mauvais gout dans la bouche, cela faisait presque sourire Xymox à chaque fois, car cet état est précédé par une grande fête, de la boisson, des rires, des amis, des femmes, bref le bonheur. Et à chaque fois il se disait en se tenant la tête, ralala plus jamais, quoi que si peut être, héhé j’ai quand même bien rit.

      Mais cette fois là il dut bien admettre qu’il avait du s’en mettre une correcte, car la barre entre les tympans était particulièrement gratinée. Xymox tenta de prendre doucement conscience du lieu où il se trouvait. Car il avait beau se creuser ses douloureuses méninges il ne voyait pas où il aurait pu être, où il avait festoyé, ni avec qui, et encore moins pourquoi.

      Il n’essaya pas de bouger, généralement tout mouvement ne faisait qu’empirer la barre. Il tata doucement le lit sur lequel il était. Froid, dur, sal, ce n’était pas un lit, plutôt même le sol, diantre quelle soirée, bien qu’aucun souvenir ne revenait. Puis il perçut les voix, ah du Khazad, ah ah bien sûr pour une biture de cette ampleur il y avait forcément du nain là-dessous. Glorom, ah oui voilà, Glorom avait poli le verre pour le cadre, mais oui bien sûr Tyrion avait fini son cadre et ils étaient tous descendu fêter cela. Mais curieusement cela ne collait pas, quelque chose clochait. Du khazad, oui, mais il avait quelque chose de particulier, quelque chose de … maléfique, bon sang des bourrus ! Ils étaient à proximité de lui, il essaya de bouger, mais ses mains étaient liées, et ce mauvais gout dans la bouche n’était pas le vieil alcool mais un chiffon sale enfoncé dans sa gorge. Il était capturé ! Il manqua de paniquer, d’essayer de se lever, de hurler, mais dans un ultime effort il parvint à garder le contrôle, il fallait qu’il garde le contrôle. Les bourrus pensaient certainement qu’il était assommé ou même mort, s’il bougeait son sort serait pire encore. Il fallait attendre le bon moment pour agir, et en attendant réfléchir. Il huma l'air environnant. Après avoir passé de nombreux mois dans la Moria, Xymox reconnut cette odeur, il était dans une cave, une cave de nain.

      Essayant de réfléchir plus loin il chassa le sentiment de panique. Mais malheureusement pour lui, il fut remplacer par le remord. Si seulement il n’avait pas bousculé son ami Tyrion, il serait là en ce moment, et à eux deux ils s’en sortiraient, ils s’en étaient toujours sortis.

      Mais il avait forcé son ami à se détourner, et maintenant il était seul, sans espoir.

      Alors que les larmes commencèrent à lui venir aux yeux il sentit sur son visage une furtive caresse. Xymox connaissait bien cela, c’étaient là des cheveux de femme qui caressaient son visage. Cependant ceux-ci avaient quelque chose de speciale. Ils étaient bien trop fins, bien trop doux, bien trop légers pour être ceux d’une humaine :

      • Estel Herdir, lui susurra t’on à l’oreille.

      Et une lueur d’espoir s’alluma derrière ses paupières closes, qu’il se força à garder closes, car ce n’était pas le moment, il fallait être patient. Et il allait l’être, car désormais il n’était plus seul, il se savait car bien qu’il ne parlait pas l’elfique, il connaissait suffisamment de mots pour comprendre : « espoir, maître de guilde ». Et dans un soupire qu’il ne put contenir il murmura à son tour :

      • Aconitine …